Tech : quand l'Europe s'eveillera...
Yann Coatanlem, Olivier Coste
Dec 14, 2023
Les raisons meconnues de l'absence de l'Europe dans la revolution industrielle en cours
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« L’innovation technologique est devenue le principal champ de bataille du grand jeu global, et la concurrence pour la domination technologique va atteindre des niveaux de férocité sans précédent », a déclaré le leader chinois Xi Jinping en 2021. Par ailleurs, force est de constater que les technologies de l’information et des communications (la « Tech ») sont aujourd’hui dans une situation critique dans toute l’Europe. Or la Tech est la révolution industrielle de notre temps, au même titre que le charbon en 1800 ou le pétrole en 1900 : elle transforme tous les secteurs de l’économie et détermine les rapports de force géopolitiques. Notre retard en Tech va influencer notre niveau de vie et notre défense.
Dans un monde complexe où la Chine et bientôt l’Inde viennent contester la domination occidentale, l’Europe a pourtant des atouts exceptionnels : stabilité politique, sécurité juridique, qualité des infrastructures, taille des marchés, formations de haut niveau, professionnalisme des équipes, volontarisme des gouvernements.
Ce constat d’un retard croissant de l’Europe en Tech fait l’objet d’un consensus, mais les raisons profondes de cet échec semblent nous échapper. Les plans d’action nationaux et européens se succèdent sans renverser la tendance. Nous montrons dans l’article qui suit que le vrai obstacle tient en fait à des raisons méconnues, que des solutions pratiques existent, et qu’il importe de trouver les conditions politiques des réformes à mener.
Un constat indiscutable
Commençons par les constats. Les entreprises européennes de la Tech investissent beaucoup moins en recherche et développement (R & D) que leurs concurrentes américaines et chinoises. Globalement, d’après la Commission européenne, elles n’investissent dans ce domaine qu’une somme de l’ordre de 50 milliards d’euros (Md€), contre environ 240 Md€ aux États-Unis et 80 Md€ en Chine.
Il aura fallu seulement une quinzaine d’années pour voir s’effondrer (le mot n’est pas trop fort) la part de l’Europe et du Japon dans l’industrie numérique, au profit des États-Unis et de la Chine. Ainsi la part de l’Allemagne dans les investissements mondiaux en R & D en Tech est passée en quinze ans de 8 à 2 %, et celle de la France de 6 à 2 %.
Les tendances sont les mêmes pour l’ensemble des dépenses en R & D, dans le secteur public comme dans le secteur privé : là aussi l’écart est important et s’est creusé au cours de ces dix dernières années. Mais l’essentiel des différences entre les États-Unis et l’Europe provient de la Tech.
Rappelons l’importance capitale de la R & D sur la performance des entreprises à la frontière technologique : le top 1 % des entreprises brevetées contrôlent 98 % des brevets les plus utiles. L’impact de l’investissement en R & D n’est donc pas proportionnel et s’apparente plutôt à un phénomène de type « Winner Takes All ».
Les champions de la Tech sont américains ou chinois. Comme le montre le graphique 1, les Européens pèsent peu. Les efforts de la France et des autres grands pays européens pour favoriser les start up ne changent pas cette situation : l’Europe entière (Royaume-Uni inclus) attire trois fois moins de capitaux dans des start up que les États- Unis. Au sein de l’Europe, la France en attire trois fois moins que le Royaume-Uni.
L’impact géopolitique
Les alertes sur le retard de l’Europe en Tech se suivent et se ressemblent depuis trente ans, mais il est perçu comme un problème sectoriel, et non comme un enjeu stratégique et géopolitique. Or la Tech est une révolution industrielle, au même titre que la machine à vapeur en 1800 et le moteur à explosion en 1900. En
transformant tous les secteurs de l’économie, elle en vient à bouleverser les équilibres géopolitiques.
Les États-Unis étaient jusqu’à présent les champions incontestés de cette révolution industrielle, garantissant ainsi la continuation de leur domination géopolitique. Mais les cartes du jeu mondial sont rebattues, la Chine rattrapant les États-Unis à marche forcée. Elle a accéléré ses investissements dans tous les domaines technologiques depuis l’arrivée de Xi Jinping, dont le vocabulaire guerrier, cité en introduction à ce texte, a de
quoi choquer.
De fait, les succès de la Chine sont éblouissants. Ses doctorants en sciences sont déjà deux fois plus nombreux qu’aux États-Unis. La croissance de ses dépenses en R & D est exponentielle, elle est un leader en 5 G et dépose plus de brevets de 6 G que ses concurrents. Dans le domaine du calcul quantique, elle dispose même de quatre fois plus de brevets que les États-Unis.
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