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Olivier Coste
Jul 25, 2024
Ramenons l'Europe dans la révolution de la Tech !
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Prix de l'Académie
Prix Strasser 2023 de l'Académie des Sciences Morales et Politiques
Résumé
Le monde connait une troisième révolution industrielle, celle des technologies de l’information et de la communication, la Tech. La première révolution industrielle, issue du charbon autour de 1800, a donné aux puissances européennes une avance technologique majeure et la colonisation du monde. La deuxième révolution industrielle, issue du pétrole et de l’électricité autour de 1900, s’est trouvée au cœur des deux guerres mondiales et a vu les Etats-Unis et le Japon rejoindre l’Europe dans la course à l’innovation.
Dans les 20 dernières années, l’Europe a décroché du peloton en Tech. La troisième révolution industrielle se passe aux Etats-Unis et en Chine. Investissant dans la Tech 5 fois moins que les Etats-Unis ou la Chine, l’Europe se met hors-jeu. Hormis certaines niches, ses champions ne pèsent plus. Ses startups ne bouleversent pas d’industrie. Il n’y a pas de Google européen.
Le principal frein est aujourd’hui le consensus européen sur les restructurations. L’Europe continentale punit la prise de risque. Elle bloque les projets innovants et risqués, moteurs de cette révolution industrielle. Elle anesthésie l’innovation de rupture et détourne les acteurs économiques de la troisième révolution industrielle, par essence imprévisible et volatile.
En conséquence, depuis les années 1970, l’Europe s’est spécialisée dans les industries matures, issues de la deuxième révolution industrielle : l’automobile, la chimie, l’aéronautique, l’énergie. Les industriels de la Tech évitent l’Europe. Les fonds de capital-risque n’y investissent que des montants secondaires.
Ce retard de l’Europe en Tech est profondément dommageable sur son économie, ses entreprises, sur ses emplois, sur son niveau de vie, sur sa souveraineté, sur sa sécurité collective. Les menaces pour l’Europe augmentent du fait de l’ambition de la Chine, de sa confrontation croissante avec les Etats-Unis dans la Tech, du risque de guerre froide ou chaude entre ces deux puissances dominatrices.
L’Europe a tous les atouts pour revenir dans la course. Ses institutions démocratiques garantissent la stabilité politique, contrairement à la Chine ou à la Russie, dictatures fragiles. Les cadres réglementaires assurent la sécurité juridique des acteurs économiques, contrairement à la Chine ou à l’Amérique Latine. Les infrastructures sont excellentes, contrairement à l’Inde. Ses gouvernements sont peu corrompus, contrairement à… d’autres. La liberté d’entreprendre est réelle. Les écoles et les universités sont solides. Les ingénieurs sont compétents, les équipes travaillent dur.
Lever ce frein n’est pas une remise en cause du modèle social européen : il faut continuer à indemniser les chômeurs, former les jeunes et les moins jeunes gratuitement, assurer la santé de tous. Les Européens n’ont pas besoin de devenir des Américains pour innover. Mais ils doivent arrêter de freiner la prise de risque et de pénaliser l’échec. Outre la Tech, la présence de l’Europe dans la transition énergétique peut nécessiter cette même reforme.
Une fois ce frein levé, les Européens pourront fixer des objectifs ambitieux, au niveau des Etats-Unis et de la Chine. En Europe, multiplier par 5 la R&D privée en Tech de 40 milliards d’€ à 220 en 10 ans. En France, multiplier par 8 la R&D privée en Tech de 5 milliards d’€ à 40 en 10 ans. En Allemagne, multiplier par 8 la R&D privée en Tech de 6 milliards d’€ à 50 en 10 ans.
Les Européens ont réalisé ensemble le marché commun et la monnaie unique, projets autrement plus difficiles. Collectivement, ils peuvent revenir à la pointe de la Tech et de l’innovation. C’est nécessaire. C’est possible.
Table des Matières
1. Pas de Google européen !
2. La Tech et la Guerre
a. La confrontation US – Chine
b. Les révolutions industrielles et les guerres
c. La domination américaine dans la Tech
d. Les futurs piliers de la Tech
e. La Tech et la puissance
3. La montée en puissance de la Chine dans la Tech
a. Le « siècle d’humiliation »
b. Les Télécoms
c. Les ambitions de la Chine
4. L’Europe, la Tech et la R&D
a. La R&D totale par continent
b. La R&D privée, tous secteurs confondu s
c. La R&D privée dans la Tech
d. Les champions de la Tech
5. La French Tech
a. Les licornes
b. Les montants investis dans les startups
6. Monter des projets : Europe ou USA ?
a. La TV mobile
b. Un opérateur 4G pan européen
c. Le vidéo tchat pour e-commerce
d. Pourquoi les projets innovants démarrent-ils aux US ?
7. La pratique des restructurations
a. Une restructuration aux USA
b. Une restructuration en France
c. Les coûts de restructuration en France
d. Une restructuration en Allemagne
e. Le reste de l’Europe et du monde
8. L’impact industriel des coûts de restructurations
a. Les blocages à l’embauche
b. Alcatel
c. Atos
d. Siemens – Unify – Atos
9. Les décisions d’investissements
a. Innovation incrémentale et Innovation de rupture
b. L’exemple du Wimax
c. Les décisions d’investissements des entreprises
d. L’innovation chez les GAFAM...
e. Les fonds d’investissement en capital-risque
f. La course automobile
g. Synthèse
10. Les spécialisations des continents
a. Les champions français
b. Les champions allemands
c. Les champions américains
d. Les champions européens
e. Les champions chinois
f. Les champions japonais
11. Les autres raisons invoquées
a. La culture entrepreneuriale
b. La fragmentation du marché
c. La réglementation
d. Les charges sociales et la fiscalité
e. La politique de concurrence européenne
f. Les capitaux
g. La politique industrielle gaullienne
h. Synthèse
12. Les enjeux géopolitiques de la Tech
a. L’inconfortable situation de l’Europe
b. Les basculements politiques en cours
13. Les réformes à envisager
a. Le consensus en faveur du modèle social européen
b. Les réformes sociales limitées et nécessaires
c. D’autres sujets à traiter
d. Quels objectifs ?
14. Conclusion
Annexe A – Les acteurs du semiconducteur
Annexe B – Les statistiques de R&D
Annexe C – Les statistiques de startups
Annexe D – Business Plan d’un projet innovant et risqué
Annexe E – Basculement d’innovations vers les USA
Annexe F – Rôle de la BPI dans la French Tech
Annexe G – Emploi chez Google selon LinkedIn
Annexe H – L’étonnante situation du Royaume-Uni
Remerciements
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Pierre-André Chiappori, Professeur d’Economie, Columbia University, Membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques
Dans le domaine de la technologie numérique, l’Europe se distingue par l’étonnante modestie de sa contribution. Pas d’Alphabet, de Microsoft ou de Huawei européen ; que l’on considère les budgets de recherche et développement ou le nombre et l’importance des start-ups et autres licornes, la médiocrité de la performance européenne (hors Grande-Bretagne) est criante. Comment expliquer cette faiblesse, particulièrement inquiétante dans le contexte actuel ?
A la différence des nombreux auteurs qui ont étudié la question, Olivier Coste a une triple expérience – haut fonctionnaire, cadre supérieur d’un grand groupe et créateur de start-up ; autant dire qu’il a, dans le jeu global, tenu successivement tous les rôles, ce qui rend son analyse incontournable.