L'Europe, la Tech et la Guerre

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[...] L'Europe n'a d'ailleurs pas d'autre choix. Mais la condition première de la réussite dans une économie passée de Keynes à Schumpeter est un complet pivotement, exactement opposé à celui d'Emmanuel Macron, de la protection au risque, à la responsabilité individuelle, à l'audace, à la confiance.

L'intelligence artificielle est un exemple parfait. Pour y réussir, il faut avoir accès aux immenses bases des données de toutes sortes, médicales, sociales, assurancielles, etc. En Europe, la protection des données personnelles fait obstacle. Le principe de précaution est un autre exemple dans les recherches biogénétiques.

Sur le plan strictement social, Olivier Coste et Yann Coatanlem expliquent que quatre start-up innovantes sur cinq échouent et qu'il faut alors se séparer des ingénieurs. Mais les délais sont de 2 à 6 mois aux Etats-Unis contre deux ans en Europe, ce qui surmultiplie le prix des échecs et glace les investisseurs (2). Ils proposent de limiter fortement les indemnités des ingénieurs au-delà de 50.000 euros annuels pour abaisser le coût de la prise de risque.

La question est fondamentale : si l'Europe veut enfin trouver un chemin dans l'innovation de rupture, aujourd'hui clé du dynamisme, elle doit s'interroger d'urgence sur le rapport protection/innovation. Aucun syndicat ni aucun parti politique ne peut rester aveugle à la transformation technologique radicale. Les politiques de protection entrent légitimement dans les valeurs fondamentales européennes de soutien des démunis mais si elles cassent la croissance, comme c'est le cas et les dettes en sont le résultat, alors l'Europe protège ses salariés aux dépens de leurs enfants.

(1) « Can Europe Create an Innovation Economy ? », Project Syndicate, 7 octobre

(2) « Cost of Failure and Competitiveness in Disruptive Innovation », Université Bocconi, septembre 2024