Atos : des tabous politiques à lever
Olivier Coste
Oct 6, 2023
Le monde entier investit des dizaines de milliards d'euros dans l'IA, et pourtant Atos semble subir une descente aux enfers, souligne Olivier Coste. Pourquoi un tel paradoxe ?
Les hommes et les femmes politiques de tous bords se lamentent des difficultés d'Atos et des risques d'un passage sous contrôle étranger d'un joyau de la technologie française. Savent-ils qu'ils sont les principaux responsables de cette désastreuse situation ?
Atos est le seul acteur européen capable de concevoir des supercalculateurs nécessaires à l'intelligence artificielle (IA) comme ChatGPT. Tous les autres sont américains ou chinois. Le monde entier investit des dizaines de milliards d'euros dans l'IA, et pourtant Atos semble subir une descente aux enfers.
Pourquoi un tel paradoxe ? Pourquoi, après Alcatel dans les télécoms, voyons-nous encore un leader technologique européen en difficulté sur des marchés en pleine croissance ?
Coûts considérables en Europe
La réponse est simple et pourtant méconnue. La tech est volatile et incertaine. Les changements de générations technologiques sont rapides. Atos était un leader mondial de la gestion des centres de données. Ce métier est en déclin du fait de la croissance rapide des acteurs du cloud. Aux Etats-Unis, en Inde ou en Chine, les acteurs comme Atos s'adaptent rapidement en licenciant leurs équipes d'ingénieurs en quelques jours et à faible coût pour recruter des compétences nouvelles. En Europe, les législations nationales sur les licenciements imposent des coûts de restructurations considérables : ils s'élèvent en moyenne à 200.000 euros par ingénieur en France et 250.000 euros en Allemagne.
Erreurs stratégiques
Pour les grandes entreprises européennes de la tech, ces adaptations rapides coûtent des milliards, qu'elles ne peuvent pas investir en innovation. Atos doit financer en 2023 plus d'un milliard d'euros de restructuration simplement pour s'adapter au contexte technologique nouveau, et n'investit que 235 millions d'euros par an en recherche et développement. Ainsi, les législations allemande et française coûtent l'équivalent de quatre ans de recherche et développement à Atos !
Les politiques accusent les erreurs stratégiques des directions des entreprises de tech, Atos aujourd'hui, Alcatel il y a quinze ans. Mais c'est méconnaître la différence de nature entre la tech, en pleine révolution industrielle, donc volatile, incertaine, imprévisible, avec des industries matures.
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