Pourquoi l'Europe est-elle en retard sur les USA ou la Chine en Intelligence Artificielle, en Cloud, en Semiconducteurs?
A quels risques s'expose-t-elle en matière de compétitivité, de chomage, de sécurité ?
Que faut-il faire ?
Prix de l'Académie
Pierre-André Chiappori, Professeur d’Economie, Columbia University, Membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques
Dans le domaine de la technologie numérique, l’Europe se distingue par l’étonnante modestie de sa contribution. Pas d’Alphabet, de Microsoft ou de Huawei européen ; que l’on considère les budgets de recherche et développement ou le nombre et l’importance des start-ups et autres licornes, la médiocrité de la performance européenne (hors Grande-Bretagne) est criante. Comment expliquer cette faiblesse, particulièrement inquiétante dans le contexte actuel ?
A la différence des nombreux auteurs qui ont étudié la question, Olivier Coste a une triple expérience – haut fonctionnaire, cadre supérieur d’un grand groupe et créateur de start-up ; autant dire qu’il a, dans le jeu global, tenu successivement tous les rôles, ce qui rend son analyse incontournable.
Et la conclusion principale en est claire : en France comme en Allemagne, le coût d’un éventuel échec – qui, qu’on le veuille ou non, est le sort de quatre tentatives sur cinq dans le meilleur des cas – est totalement dissuasif. L’échec européen n’est pas le produit d’un quelconque biais culturel. C’est celui de systèmes sociaux qui, en privilégiant la prudence, voire la frilosité, constituent autant d’obstacles à une ‘destruction créatrice’ plus que jamais au cœur de toute innovation.
Puisse cet ouvrage lucide, sans concession et remarquablement bien documenté recevoir l’audience qu’il mérite !
Marc Onetto, ex-Senior Vice President Operations and Customer Service chez Amazon.com
Olivier Coste combine trois expériences qui expliquent la solidité de ses conclusions : dirigeant dans la fonction publique, dirigeant dans une grande entreprise et fondateur d’une start-up.
Oui c’est bien le coût de l’échec, généré par le coût social des restructurations, qui handicape fortement la création de grands succès hi-tech en Europe et particulièrement en France. Et ce problème, s’il a un impact limité sur une start-up, a en revanche un impact substantiel sur la prise de risque dans la tech par de grandes entreprises par le rachat de start-up ou par le développement interne de nouvelles technologies.
Ainsi Olivier décrit très bien ce que j’ai personnellement connu chez Amazon. La prise de risque interne a été au cœur du développement de nouvelle technologie chez Amazon, depuis le cloud computing (AWS), jusqu’au lecteur de livres digital (Kindle). Bien sûr Amazon a aussi fait des paris technologiques qui ont échoué (Fire phone, vente aux enchère type Ebay) mais le coût de l’échec était limité aux montants investis et ne contenait aucun coûts sociaux associés au licenciement des ingénieurs et autres développeurs qui étaient reclassés extrêmement rapidement à l’extérieur ou dans d’autres développements technologiques dans l’entreprise.
Gilles Babinet, co-président du Conseil National du Numérique
Malgré d’importants efforts effectués au cours des dernières années, L’Europe et la France ne sont pas sur une dynamique rassurante en matière de technologies numériques. Entre 2005 et 2019, la part de la R&D numérique française dans le monde est passée de 6 à 2%, l’Allemagne fait encore pire, passant de 8 à 2%.
Que l’on compte en Licornes ou en capital-risque investi, les chiffres, même en forte croissance, sont sur une tendance semblable : ils baissent en proportion de l’environnement international. C’est d’autant plus inquiétant que Chine comme Etats-Unis ont parfaitement compris que la domination économique, militaire et géopolitique passerait nécessairement par le numérique dans une échelle de temps que l’on peut qualifier de courte : quelques années, une ou deux décennies au maximum.
Olivier Coste, ancien membre de cabinet du cabinet de Lionel Jospin à Matignon en charge de sujets industriels et désormais entrepreneur basé à New York, publie une analyse sans concession de la situation française et européenne et énonce une liste de recommandations de ce qu’il convient de faire pour revenir dans la course.
MR P., sur amazon
Ayant eu la chance de vivre d'assez près une bonne partie des événements relatés dans l'ouvrage, j ai dévoré ce livre. Tous les faits sont bien réels , et ces changements de paradigmes et une certaine apathie européenne à les adresser mérite une vraie réflexion. La position de l'auteur m'avait tout d'abord parue un peu provocatrice, mais m'a finalement donné pas mal à réfléchir et a y reconnaitre un vrai sujet a adresser. Je recommande vivement ce livre.
Bertrand Mabille, sur amazon
L'analyse du retard européen est précisément documentée : les chiffres sont abyssaux. Cela devrait servir d'électrochoc et susciter une prise de conscience quant à la dépendance stratégique et économique que ce retard engendre.
L'Europe préserve ses acquis au détriment des technologies nouvelles et ce ne sont pas quelques licornes qui y changent quoi que ce soit : les moteurs de la révolution industrielle du 21ème siècle sont ailleurs. Ce constat doit maintenant faire l'objet d'une analyse économique approfondie de sorte que les transformations nécessaires soient engagées au niveau politique. Un "must read" pour qui accepte d'ouvrir les yeux !
Client d'Amazon
Ce qui se conçoit bien, s'énonce clairement et les mots pour le dire, arrivent aisément. Cette citation de Boileau est parfaite pour ce livre. Merci.
Résumé
Le monde connait une troisième révolution industrielle, celle des technologies de l’information et de la communication, la Tech. La première révolution industrielle, issue du charbon autour de 1800, a donné aux puissances européennes une avance technologique majeure et la colonisation du monde. La deuxième révolution industrielle, issue du pétrole et de l’électricité autour de 1900, s’est trouvée au cœur des deux guerres mondiales et a vu les Etats-Unis et le Japon rejoindre l’Europe dans la course à l’innovation.
Dans les 20 dernières années, l’Europe a décroché du peloton en Tech. La troisième révolution industrielle se passe aux Etats-Unis et en Chine. Investissant dans la Tech 5 fois moins que les Etats-Unis ou la Chine, l’Europe se met hors-jeu. Hormis certaines niches, ses champions ne pèsent plus. Ses startups ne bouleversent pas d’industrie. Il n’y a pas de Google européen.
Le principal frein est aujourd’hui le consensus européen sur les restructurations. L’Europe continentale punit la prise de risque. Elle bloque les projets innovants et risqués, moteurs de cette révolution industrielle. Elle anesthésie l’innovation de rupture et détourne les acteurs économiques de la troisième révolution industrielle, par essence imprévisible et volatile.
En conséquence, depuis les années 1970, l’Europe s’est spécialisée dans les industries matures, issues de la deuxième révolution industrielle : l’automobile, la chimie, l’aéronautique, l’énergie. Les industriels de la Tech évitent l’Europe. Les fonds de capital-risque n’y investissent que des montants secondaires.
Ce retard de l’Europe en Tech est profondément dommageable sur son économie, ses entreprises, sur ses emplois, sur son niveau de vie, sur sa souveraineté, sur sa sécurité collective. Les menaces pour l’Europe augmentent du fait de l’ambition de la Chine, de sa confrontation croissante avec les Etats-Unis dans la Tech, du risque de guerre froide ou chaude entre ces deux puissances dominatrices.
L’Europe a tous les atouts pour revenir dans la course. Ses institutions démocratiques garantissent la stabilité politique, contrairement à la Chine ou à la Russie, dictatures fragiles. Les cadres réglementaires assurent la sécurité juridique des acteurs économiques, contrairement à la Chine ou à l’Amérique Latine. Les infrastructures sont excellentes, contrairement à l’Inde. Ses gouvernements sont peu corrompus, contrairement à… d’autres. La liberté d’entreprendre est réelle. Les écoles et les universités sont solides. Les ingénieurs sont compétents, les équipes travaillent dur.
Lever ce frein n’est pas une remise en cause du modèle social européen : il faut continuer à indemniser les chômeurs, former les jeunes et les moins jeunes gratuitement, assurer la santé de tous. Les Européens n’ont pas besoin de devenir des Américains pour innover. Mais ils doivent arrêter de freiner la prise de risque et de pénaliser l’échec. Outre la Tech, la présence de l’Europe dans la transition énergétique peut nécessiter cette même reforme.
Une fois ce frein levé, les Européens pourront fixer des objectifs ambitieux, au niveau des Etats-Unis et de la Chine. En Europe, multiplier par 5 la R&D privée en Tech de 40 milliards d’€ à 220 en 10 ans. En France, multiplier par 8 la R&D privée en Tech de 5 milliards d’€ à 40 en 10 ans. En Allemagne, multiplier par 8 la R&D privée en Tech de 6 milliards d’€ à 50 en 10 ans.
Les Européens ont réalisé ensemble le marché commun et la monnaie unique, projets autrement plus difficiles. Collectivement, ils peuvent revenir à la pointe de la Tech et de l’innovation. C’est nécessaire. C’est possible.
Table des Matières
a. La confrontation US – Chine
b. Les révolutions industrielles et les guerres
c. La domination américaine dans la Tech
d. Les futurs piliers de la Tech
3. La montée en puissance de la Chine dans la Tech
a. Le « siècle d’humiliation »
4. L’Europe, la Tech et la R&D
a. La R&D totale par continent
b. La R&D privée, tous secteurs confondus
b. Les montants investis dans les startups
6. Monter des projets : Europe ou USA ?
b. Un opérateur 4G pan européen
c. Le vidéo tchat pour e-commerce
d. Pourquoi les projets innovants démarrent-ils aux US ?
7. La pratique des restructurations
a. Une restructuration aux USA
b. Une restructuration en France
c. Les coûts de restructuration en France
d. Une restructuration en Allemagne
e. Le reste de l’Europe et du monde
8. L’impact industriel des coûts de restructurations
9. Les décisions d’investissements
a. Innovation incrémentale et Innovation de rupture
c. Les décisions d’investissements des entreprises
d. L’innovation chez les GAFAM...
e. Les fonds d’investissement en capital-risque
10. Les spécialisations des continents
11. Les autres raisons invoquées
a. La culture entrepreneuriale
d. Les charges sociales et la fiscalité
e. La politique de concurrence européenne
g. La politique industrielle gaullienne
12. Les enjeux géopolitiques de la Tech
a. L’inconfortable situation de l’Europe
b. Les basculements politiques en cours
a. Le consensus en faveur du modèle social européen
b. Les réformes sociales limitées et nécessaires
Annexe A – Les acteurs du semiconducteur
Annexe B – Les statistiques de R&D
Annexe C – Les statistiques de startups
Annexe D – Business Plan d’un projet innovant et risqué
Annexe E – Basculement d’innovations vers les USA
Annexe F – Rôle de la BPI dans la French Tech
Annexe G – Emploi chez Google selon LinkedIn